Bonne année 2015 à toi qui lis ce message =)

Mon dernier billet a commencé à peu près comme ça... Autant dire que 2014 n'a fait que passer (à une vitesse folle !!).

2015... Dernière année de formation, année où, j'espère, je serai diplômée. Ce diplôme, c'est l'aboutissement d'un projet, celui de pouvoir travailler auprès de jeunes enfants. J'espérais tout connaitre sur eux, savoir prendre soin d'eux, apprendre à être bienveillante avec eux. Je souhaitais comprendre comment travailler en lien avec les familles, quel était le sens de cette expression. Je voulais apprendre à travailler en équipe, comprendre ce qu'est un projet, et quelles institutions impactent la petite enfance au quotidien. 

En fait, cette formation, c'est beaucoup plus que cela. En plus de deux ans aujourd'hui, je regarde derrière moi et je vois le chemin accompli... Je ne suis plus la même qu'en 2012. 

Du fait de mon apprentissage en protection de l'enfance, j'ai tout d'abord été confrontée a des situations toujours plus hallucinantes, impressionnantes. J'ai vu la souffrance, la misère qui nous entoure et que nous ne voyons pas (par peur de tomber dedans un jour ?). J'ai appris à accompagner ces personnes, ces familles, ces enfants. Il m'est arrivé de douter de mes capacités, tout ce petit monde me mettant bien en face de mes difficultés et mes failles. Mais j'ai aussi partagé des moments merveilleux, de rire, de bonheur : quoi de plus beau que de constater qu'un petit garçon qui nous crachait au visage et nous disait "ta gueule sale pute", a évolué de manière très positive le temps de son accueil chez nous ? De voir en quelque mois le visage éteint d'un enfant s'illuminer? De voir des familles en difficulté surmonter ses problèmes et s'en sortir ? 

J'ai souvent entendu que les "gosses de la DASS" (je tiens à préciser que ce terme n'existe plus depuis les années 80...), sont de pauvres enfants placés parce que les parents, tout incapables et chômeurs qu'ils sont, les font juste pour toucher de grasses allocations. Et que ces enfants reproduiront ce schéma toute leur vie durant. Je peux vous assurer que ce n'est pas DU TOUT ce que j'ai pu voir. Les allocations sont reversées (sur décision du juge) aux services de l'ASE si les parents n'achètent rien à leurs enfants (vêtements, jouets...). Les parents sont rarement au chômage et font des boulots qu'ils n'ont pas choisi. Enfin, les familles sont effectivement en difficulté, parfois provisoire, parfois sur le long terme, parfois dans des proportions inimaginables. Ce n'est pas pour autant que ce genre de difficulté n'arrive qu'aux "cassos" et autres "beaufs" ( beurk beurk ces termes au passage). Quand à reproduire ce schéma, cela est vrai si on ne prend pas soin de ces enfants, si on les laisse dans leur misère, si on les stigmatise. Les "gosses de la DASS", s'ils sont étiquetés, auront plus de difficulté à s'en sortir que d'autres. C'est pourquoi il est important, voire vital, de les considérer comme les autres enfants, ne pas les mettre à part sous prétexte de leur naissance, leur histoire. Malheureusement, dans la réalité, les gens ont beaucoup de mal a changer leur vision sur ces enfants "placés". Je pense à ces instit notamment, qui, n'ayant aucune formation sur ce qu'est un enfant, les mettront (j'espère inconsciemment) dans des cases dont chacun aura du mal à se sortir (pas toujours hein ! Certains font un travail formidable).  

Avant de débuter ma formation, je me disais qu'aller à la crèche, ça doit être formidable ! Puis j'ai fait mes deux stages DF2 dans deux crèches différentes. La première, municipale et donc avec pas mal de moyens. Je me suis crue dans une usine à gamins ! Changes-repas-sieste comme métro boulot dodo. Peu voire pas de réflexion pédagogique. Personnel démotivé et pas assez de moyens pour faire des réunions d'équipe régulièrement. La deuxième, associative et avec peu de moyens. J'ai même pas envie d'en parler. Je me suis demandée ce que ces personnes foutaient là, auprès de jeunes enfants. Et "ouf", je ne suis pas la seule à penser ça ! Bref, ces deux expériences m'ont presque traumatisée. J'ai cependant "appris" à me positionner, envers et contre tous, dans l'intérêt de l'enfant. J'ai cru à mes convictions, en lien avec mes observations, connaissances théoriques, et je n'ai pas lâché. J'ai discuté, débattu, avec ces personnes pour dire par exemple que non, pousser un enfant qui en a poussé un autre n'est pas une réponse éducative convenable. J'ai aussi écouté ce qu'on a pu me transmettre, bien entendu. Mais j'ai pris ce qui me semblait bon pour l'enfant. La crèche ne sera pas mon lieu de prédilection pour mes futures recherches d'emploi...

Avant de débuter ma formation, je me disais que le milieu du handicap, très peu pour moi. Puis, j'ai rencontré un enfant ayant des TED. C'est THE rencontre qu'il m'a fallu pour comprendre que non ces enfants ne sont pas différents mais que oui, comme tout à chacun, ils ont leurs spécificités. Non, ces enfants ne sont pas voués à l'inertie, OUI, ils évoluent, à leur rythme, d'une manière parfois inhabituelle, originale. Me voilà à désirer travailler en IME plus tard !

L'Ilida de 2012 n'y aurait pas cru.