• Les concours

             Vous pouvez utiliser les images des sujets pour un usage personnel uniquement. Si cela venait à ne pas être respecté, je me verrai dans l'obligation de les supprimer. 

                 Comme je l'ai dit, j'ai passé les concours d'EJE deux années de suite. La première année (2011) j'ai passé le Havre et Rennes. J'ai malheureusement raté les oraux. J'ai rententé ma chance en 2012, à Rennes, à Nantes et au Havre. J'ai réussi les écrits de Nantes et du Havre, et le principal : j'ai réussi à être sur la liste complémentaire à Nantes, ce qui me permet de faire la formation en apprentissage à Angers  (sous reserve d'un employeur) !

              Voici les sujets écrits auquel j'ai eu droit au Havre 2011 & 2012:

     

    Le sujet de Nantes 2012:

     

     SÉQUENCE 2


    Les jeunes ont un nouveau rapport au politique,
    Anne Muxel, Sciences humaines - Février 2012
     
    Quel rapport les jeunes Français ont-ils au politique ? Comment votent-ils ? Pourquoi s'abstiennent-ils autant, alors qu'ils sont les premiers à manifester ? La sociologue Anne Muxel enquête depuis des années.
    Non. Affirmer qu'ils sont dépolitisés, c'est refuser de voir ce qui est en train de se recomposer dans leur rapport à la politique. C'est éluder la façon dont ils se réapproprient les outils de l'expression démocratique pour intervenir et être présents dans le débat public. Si l'on considère le niveau d'intérêt porté à la politique, il n'y a pas d'écart probant avec les autres classes d'âges. En 2007, 62 % des Français se disaient intéressés par la campagne et c'était le cas de 67 % des 18-30 ans. Par rapport aux générations précédentes, les jeunes ont aussi accès à beaucoup plus d'informations, en particulier grâce à Internet qui suscite l'attente d'une plus grande transparence. 
    L'âge explique en partie leur rapport à la politique  : ils sont à un moment de la vie où l'on est plus entier, plus disponible pour la protestation ou la dérision. Mais le contexte dans lequel les jeunes entrent en politique est aussi déterminant. Ils font aujourd'hui face à une crise tous azimuts et partagent le sentiment qu'ils auront moins bien que leurs aînés. Ce contexte donne une coloration très différente à ce que peut être un engagement politique. Il y a indéniablement une défiance qu'il ne faut pas confondre avec du désintérêt. 
    On pointe souvent l'abstention des jeunes.
    C'est une réalité, mais qui reste à analyser. À l'exception de la présidentielle de 2007, le taux de participation est moins élevé, environ dix points de moins que dans les autres classes d'âge. C'est l'intermittence du vote qui domine. Les jeunes alternent entre participation et retrait. Pour eux, le vote est moins perçu comme un devoir civique que comme un droit. Et à ce titre, ne pas voter est un droit aussi. La décision est davantage assujettie à un choix individualisé. Il y a donc une plus grande labilité des choix car les jeunes n'ont plus les fidélités partisanes du passé. Ils instrumentalisent d'une manière différente les moyens politiques mis à leur disposition. L'abstention n'est pas forcément synonyme d'indifférence  : elle véhicule la défiance, la protestation et le mécontentement. Elle est un message politique. 
    S'impliquent-ils dans les partis politiques et les syndicats  ?
    Ces organisations peinent à recruter de jeunes adhérents. 1 % des jeunes adhèrent à un parti politique et 4 % des jeunes travailleurs à un syndicat. C'est peu mais chez leurs aînés, ce n'est pas beaucoup mieux (respectivement 1 % et environ 8 %). Les jeunes entrent en politique dans un moment de défiance maximum à l'égard des appareils politiques traditionnels. Ils veulent garder leur libre arbitre et leur disponibilité. 
    Pour autant, les jeunes peuvent se mobiliser, en particulier pour des manifestations. En France, il y a un très fort potentiel protestataire. Dans un récent sondage réalisé par le Cevipof, près de 6 Français sur 10 se disaient prêts à descendre dans la rue pour défendre leurs idées ou leurs intérêts. Il y a une demande de démocratie directe, d'implication des citoyens autrement que par les urnes. C'est encore plus vrai pour les jeunes qui passent plus facilement à l'acte. En France, 1 jeune sur 2 en France a déjà participé à une manifestation. 
    Quelle est la place de l'héritage familial dans la construction de l'identité politique des jeunes aujourd'hui  ?
    La famille continue de former les grandes affiliations idéologiques  : à la gauche, à la droite, ou ni à la gauche ni à la droite. Ce n'est pas très étonnant. Les choix politiques relèvent de ce qu'il y a de plus intime, c'est-à-dire des valeurs, des convictions profondes, et des représentations qui permettent de décrypter son rapport aux autres et au monde environnant. Même s'il n'y a pas un apprentissage explicite, tout cela s'acquiert dans une large mesure dans l'entourage familial, par sensibilisation et imprégnation. En revanche, les comportements politiques, c'est-à-dire la participation en tant que telle, par exemple le fait de voter ou de manifester, se forgent davantage dans la socialisation avec les pairs. 
    Peut-on dire que les jeunes sont plus à gauche que leurs aînés  ?
    Les jeunes sont toujours plus à gauche dans leur ensemble que les autres classes d'âge, mais moins à gauche que l'étaient leurs parents au même âge. En ce sens, il y a un relatif affaiblissement des choix de gauche, et les écarts entre générations se réduisent au fil du temps. Mais il faut noter une diffraction très forte entre la jeunesse scolarisée et la jeunesse non scolarisée. La première est marquée par un tropisme de gauche. Il en va autrement des jeunes actifs sans diplômes. Ces derniers en 2007 au second tour ont voté en majorité (à 55 %) pour Nicolas Sarkozy et 22 % ont voté pour Jean-Marie Le Pen au premier tour (contre seulement 3 % des étudiants). 
    Comment analysez-vous le mouvement des Indignés  ?
    Aujourd'hui, les affiliations politiques ne sont plus enchâssées dans de grandes idéologies. Ce dont témoigne le mouvement des Indignés. Il y a un refus radical des faillites de la mondialisation, du capitalisme, sans que soit formalisé un nouveau système politique vers lequel se tourner. Il s'agit davantage de refuser un ordre social et politique dont on dénonce les dysfonctionnements et les dérives que de revendiquer un nouveau système. Le mouvement est assez emblématique de ce qui peut être recherché par la jeunesse  : mise à distance de la représentation politique et des médiateurs habituels (partis politiques, syndicats), mouvement citoyen autonome qui en appelle à des valeurs, telles la justice ou l'égalité. 
    En France, le mouvement des Indignés peine à s'imposer. Pourquoi  ?
    Il y a plusieurs explications possibles. Malgré les difficultés, la situation économique est peut-être moins dure que dans d'autres pays. La proximité de l'échéance électorale de 2012 pourrait être une explication. Les Français peuvent exprimer leur désir de changement au travers d'un vote décisif. Par ailleurs, la dimension très générale et universaliste du mouvement peut séduire les jeunes, mais vient buter aussi sur leur demande d'efficacité dans l'action politique. Les mobilisations qui ont eu un fort impact, telles que Génération précaire ou Les enfants de Don Quichotte, sont des mouvements qui ont pour finalité de déboucher sur des mesures concrètes de la part des pouvoirs publics, les stagiaires dans le premier cas, les sans domicile fixe pour le second. Mais c'est moins le cas des Indignés qui mobilisent des mots d'ordre très généraux sans débouchés immédiats. Cela a peut-être freiné la mobilisation des jeunes Français. Enfin, comparée à d'autres pays voisins en Europe, notamment la Grèce ou l'Espagne, mais aussi comparée aux États-Unis, la situation de la jeunesse, grâce notamment à la protection sociale dont elle peut bénéficier, est sans doute moins directement menacée. Cela peut freiner les motivations de s'engager dans un mouvement de ce type. 
     
     
    (Pour le texte ce n'est pas tout à fait la même forme)
     
    Questions : 
    1 - Dégager les idées principales du texte
    2 - Selon vous, voter est il un devoir civique ou un droit ?

    Le sujet de Rennes 2011 & 2012:

    Sujet année 2011

    Le premier article s'intitulait "La révolution des poussette". L'auteur était Martine Fournier. 
     
    Si l'on s'est attaché depuis un demi-siècle à dénombrer, disséquer, analyser de fond en comble les diverses révolutions coperniciennes inhérentes à nos âges postmodernes, il en est une qui était passée inaperçue jusqu'à il y a peu, c'est la révolution des poussettes.
    À partir des années 1970 en effet, nos chers bambins ont progressivement connu un retournement majeur pour leur vision du monde ! Autrefois exposés à la vigilance attentive de l'adulte pousseur, ils peuvent maintenant profiter de la société du spectacle toujours en mouvement...
    Comment interpréter ce nouvel âge de la poussette ? Quel message subliminal les adultes perfides que nous sommes veulent-ils faire passer au petit d'homme ? Une volonté d'ouverture au monde propre à son épanouissement ? d'autonomie plus précoce à voler de ses propres ailes ? Ou une secrète angoisse quant à l'éveil, la bonne intégration et...

    (Article de 3783 mots.)
     
    Le second était intitulé "La norme et l'enfant" et écrit par les professeurs Jean-Pierre Pourtois et Huguette Desmet.
     
    La famille est l'institution qui a sans doute le plus changé au cours de ces dernières décennies. Ses structures ont pris des formes variées. Il n'y a plus aujourd'hui un type unique de famille considéré comme idéal. Dès lors, la définition de celle-ci devient extrêmement floue : " Une famille est formée de personnes qui se considèrent comme faisant partie de la même famille. " (1) 
    De plus, elle n'est plus nécessairement un modèle stable et de longue durée. Pourtant, contrairement aux idées fréquemment avancées, elle reste d'une vivacité sans pareille. Les liens familiaux n'ont même jamais été aussi profonds et intenses qu'aujourd'hui et cela, malgré le nombre élevé de divorces. Dans la très grande majorité des cas, les parents aiment leurs enfants et désirent par-dessus tout leur plein épanouissement (2). Les enfants, en retour, affirment trouver le bonheur au sein de leur famille. " Famille, je vous aime ", constate d'ailleurs Luc Ferry (3).
    Effectivement, les parents insistent de nos jours pour reconnaître la singularité de leurs enfants ; l'individualité de ceux-ci est devenue un enjeu majeur pour eux. Dès lors, ils demandent que l'on fournisse à leur progéniture les conditions de son émancipation. L'angoisse des familles à cet endroit est tangible et susceptible de créer des tensions avec les instances - l'école principalement - qui ne respecteraient pas ces conditions. Car qui dit émancipation dit aussi liberté et indépendance dans l'expression et dans les actes, ce que l'école ne peut admettre... (4).
    Par ailleurs, dans cette société qui peut s'avérer hostile, le parent, de plus en plus, ressent le besoin de protéger l'enfant contre les dangers qu'il encourt... et, dès lors, il doit limiter sa liberté (5). Paradoxe. Une nouvelle conception de l'enfant apparaît dans cette société en mutation. Aujourd'hui, l'enfant n'est plus éduqué pour servir la société ; ses parents, au contraire, visent son épanouissement personnel.
    Devant cette nouvelle conception de l'enfant, qu'en est-il de l'autorité de l'adulte ? Comment cet enfant réagit-il face aux règles, aux normes, aux rôles ? Comment les adultes (parents et professionnels) se conduisent-ils ou doivent-ils se conduire ? La dimension paradoxale de cette situation est telle qu'on peut s'interroger : l'éducation est-elle devenue impossible ? Mais qu'est-ce que l'éducation ?
    L'éducation, affirme Pierre Bourdieu (6), est une " persuasion clandestine ". Pour cet auteur, l'individu est le produit d'un processus d'imprégnation mis en œuvre dès le début de la vie, prioritairement au sein du milieu familial, secondairement à l'école. C'est par ce processus qu'il va incorporer ses façons de penser, d'agir, de structurer son univers. Ainsi, les enfants vont-ils, très tôt, intérioriser les règles présentes au sein du milieu de vie. C'est pourquoi il s'agit d'une " persuasion ". Et celle-ci se fait à l'insu des enfants. On dira donc qu'elle est clandestine. En effet, l'éducation est largement implicite (7) ; de là naît sa force. Ces structures incorporées sont profondément ancrées dans l'individu et lui permettent d'appréhender le monde, différemment selon les milieux d'origine. Il existe ainsi des logiques familiales d'insertion sociale (8) qui différencient les familles en fonction de leur histoire et de leur milieu socio-économique. Toutefois, même si certaines familles sont mieux armées que d'autres pour faire face aux problèmes éducatifs actuels, il reste qu'une nouvelle conception de l'enfant s'est développée et atteint tous les milieux.
    Au sein de cette société en profonde mutation, les parents ont de nouvelles théories implicites de l'éducation. Ils les mettent en œuvre dès la naissance de leur bébé, qui reçoit une éducation bien différente de celle de la génération précédente. Une étude longitudinale (2) montre que les changements en matière d'éducation sont considérables d'une génération à l'autre. D'une éducation moderne on en vient à une éducation postmoderne.
    Le statut de la personne change : sur deux générations, on passe de la dominance du parent à celle de l'enfant ; celui-ci est intensément investi ; il tend à prendre les initiatives et à les imposer à son milieu familial.
    Le mode d'éducation n'est plus le même : la pédagogie opératoire et rationnelle des familles modernes fait place à l'éducation relationnelle et émotionnelle de la génération postmoderne.
    Ainsi, y a-t-il mutation des valeurs. La société moderne avait pour objectif d'éduquer l'enfant à devenir un adulte capable de contribuer au progrès social et au bien-être de l'homme. L'éducation suivait donc une démarche instrumentale et stratégique. En revanche, la postmodernité vise le bonheur individuel et recherche le plaisir personnel. C'est ce que l'on éprouve qui devient important.
    Les règles relationnelles intrafamiliales sont, elles aussi, modifiées : la modernité défendait un modèle familial hiérarchisé dans lequel l'autorité de l'adulte était incontestable ; les familles de la deuxième génération optent davantage pour un style égalitaire dans les relations ; elles favorisent une négociation des règles en lieu et place de leur imposition.
    L'émancipation de l'enfant devient un objectif prioritaire : les familles de première génération fonctionnaient de manière complémentaire et interdépendante ; la socialisation tentait de répondre aux exigences d'un progrès social collectif ; au sein de la deuxième génération, la socialisation est individualiste ; elle vise l'épanouissement personnel de l'enfant et son autonomie, garants de son intégration sociale.
    Ces changements considérables reflètent le passage d'une société à une autre. Aujourd'hui, le sujet émerge. Et le régime normatif se modifie (5). Au cours de l'individualisation de l'enfant, la norme morale laisse une grande place à la psychologie. L'auteur poursuit : " Les règles, les commandements sont perçus comme dangereux puisqu'ils ignorent ce qui est personnel et nous amènent à négliger ce qui est unique chez notre enfant et dans notre relation à lui [...]. Ce n'est plus la règle ou la discipline qui doit être respectée mais l'enfant et sa nature. " 
    Faut-il de nos jours déplorer la perte du modèle éducatif ancien ? Certains pensent que les transformations sont responsables des difficultés auxquelles l'éducation est confrontée aujourd'hui. D'autres, au contraire, mettent en avant la richesse affective, la qualité émancipatoire et les relations moins stéréotypées des familles actuelles. Quoi qu'il en soit, le changement est bien là et il convient donc d'en examiner les conséquences pour mieux faire face aux problèmes. Car, quelle que soit la société, l'acte d'éducation engendre toujours des difficultés. Sans prétendre à l'exhaustivité, examinons-en quelques-unes.
    Comme nous l'avons précisé ci-avant, la famille actuelle s'appuie sur un ensemble de valeurs individuelles basées sur la reconnaissance des singularités. Or, souligne Marcel Gauchet (9), la vie sociale, surtout dans une société démocratique, est le domaine de l'impersonnalité : tout individu doit être traité de la même manière. Il y a donc antinomie entre le fonctionnement des valeurs familiales et le cadre social. Comment, s'interroge l'auteur, les enfants peuvent-ils apprendre dans ces conditions les règles de la vie sociale ?
    Par ailleurs, on sait depuis toujours que la famille est une institution à laquelle il faut bien échapper un jour. Mais, de cette structure affective, relationnelle et si peu autoritaire, comment faire pour sortir ? Comment oser affronter la vie en société avec ses nécessaires devoirs, obligations et contraintes ?
    En outre, dans ce contexte, l'enfant entre désormais dans un rapport d'égal à égal avec ses parents. Il devient le partenaire de ceux-ci. Puisqu'il apprend que tout est négociable, il doit appréhender le monde sans règle pré-établie (10 ; p. 31). Comment incorporer des structures que les instances de socialisation primaires ne lui ont jamais inculquées ?
    Ainsi, la disparition des régulations qui orientaient les individus et donnaient une signification à leur vie en commun laisse place à un désarroi manifeste (10 ; p. 43). Effectivement, la construction d'une individualité requiert des " points de repère ", des " limites ", des " points d'appui " pour pouvoir entrer dans le monde social et ne pas en être exclu. Et, dans ce monde-là, les règles sont tellement opaques qu'elles ne peuvent être acquises qu'auprès de figures d'autorité qui connaissent les rouages du mécanisme social et les inculquent le plus souvent implicitement.
    Au sein de la famille, l'autorité imposant la soumission aveugle de l'enfant à ses parents tend aujourd'hui à disparaître. Mais, comme " nul ne s'éduque lui-même " (10 ; p. 162), l'autorité ne peut ainsi se dissoudre. L'enfant qui naît est propulsé dans un univers fait de codes, de règles, de normes, de valeurs. Il ne peut s'y intégrer sans le recours aux adultes. Certes, dans ce cas, ceux-ci doivent exercer une pression sur lui. En revanche, s'ils veulent trop le protéger, ils le désarment et le désorientent en empêchant son accès au monde social. Une autre forme d'autorité doit donc s'imposer. De nouvelles conditions d'éducation sont à réinventer. Dès lors, que doit faire l'éducateur, parent comme professionnel de l'action éducative ? Avec Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi (10 ; p. 157), nous pensons que l'autorité devra constituer une médiation entre l'individu et le collectif. Elle aura à être pour l'enfant l'intermédiaire entre sa quête individuelle et son inscription dans le monde qui l'entoure. Elle fera l'articulation entre " l'être soi " et " l'être ensemble ". En d'autres termes, elle sera fondée tout à la fois sur la reconnaissance (du sujet dans son individualité propre) et sur le consentement (c'est-à-dire sur l'adhésion personnelle à des obligations sociales). L'éducateur aura donc à se situer dans cet entre-deux constitué par des pôles apparemment incompatibles : le pôle de la socialisation individualiste et le pôle de la socialisation holiste. Il sera donc un médiateur, un intercesseur pour faire de l'enfant un individu indépendant mais ouvert à la compréhension des règles du jeu social et conscient de la présence des contraintes collectives. C'est à ce prix que la liberté peut efficacement être vécue car celle-ci n'est jamais donnée ; elle suppose un apprentissage par l'éducation.
    La famille contemporaine postmoderne a rompu avec l'univers de normes de la période moderne car il apparaissait comme un obstacle à la liberté de l'enfant. Habitué à négocier, celui-ci considère les normes obsolètes, voire absurdes. On veut, dans la conception actuelle, qu'il devienne un sujet autonome ; toutefois, on ne lui donne pas les clés de son indépendance et de son épanouissement futurs. La véritable liberté n'est pas d'obéir à ses pulsions, ce qui impliquerait une soumission ; elle nécessite au contraire une maîtrise de soi et une initiation aux codes de la société qui s'acquièrent précocement, au sein de la famille d'abord, puis au contact de l'école, des pairs et de tout l'environnement. Cette autorité-là permettra la liberté car l'individu pourra exercer sa puissance d'agir et exprimer sa singularité en toute connaissance de cause et en pleine autonomie.
     
    Consignes : 
     
    1. Synthèse globale (2/3 pages maximum)
    2. Commentez la citation suivante: "Devant cette nouvelle conception de l'enfant, qu'en est il de l'autorité de l'adulte ?" (document numéro deux)
    Que comprenez-vous de cette citation ? Vous argumenterez votre propos en vous appuyant sur l'ensemble des textes ainsi que sur vos connaissances et vos expériences. 

     

    Sujet année 2012

    Document 1: Dès la petite enfance, miser sur la diversité


    Et s'il n'y avait pas d'âge pour commencer à tisser le lien social sans lequel aucune société ne saurait tenir debout ? À peine le petit d'homme a-t-il dévoilé son visage aux traits uniques, à peine a-t-il été nommé et inscrit sur un registre d'état civil que déjà des gens se parlent, communiquent, échangent à son propos. La mère, le père, bien sûr, la grand-mère, les frères, les soeurs, cousins, cousines... mais aussi très vite le pédiatre, l'équipe de PMI, la nounou ou les professionnels de la crèche entrent dans la ronde.
     
    Quels que soient la couleur de sa peau, l'histoire de sa naissance, son héritage génétique et psychologique, son état de santé, ses conditions de vie, l'enfant tisse sa toile. Unique, comme lui, mais aussi plus ou moins fragile. On le sait, les chances de s'intégrer dans la société et d'y trouver sa place, à la fois heureuse et efficace, sont inégales. « En France, il vaut mieux naître blanc, riche et en bonne santé que noir, pauvre et malade », concluent invariablement les enquêtes sociologiques.
     
    Mais on peut tenter de réduire les injustices. Affaire de conviction et de volonté individuelle autant que collective. Les enseignants des classes maternelles et du primaire le savent depuis longtemps. Et s'ils divergent entre eux sur le bénéfice à espérer d'une entrée à l'école à 2 ans, tous s'accordent pour affirmer que c'est dans le vivre-ensemble que la justice sociale progresse.
     
    Après tout, pourquoi attendre l'âge de la maternelle pour penser la socialisation des enfants en ce sens ? Certains professionnels oeuvrant dans les structures d'accueil de la petite enfance n'attendent pas, justement. Ceux-là mêmes qui défendent l'accès de tous les enfants et de toutes les familles, y compris les enfants porteurs de handicap et les familles rencontrant des difficultés multiples. Ainsi, Françoise Lourfoux, directrice d'une structure multi-accueil à Montreuil (Seine-Saint-Denis), se bat pour qu'aucun enfant ne se sente exclu de sa « maison d'enfants », car, dit-elle, « la société doit construire un vivre-ensemble riche de différences et non formaté au plus petit dénominateur commun, le plus tôt possible ».
     
    Et d'évoquer, le sourire aux lèvres : « Quand vous voyez une maman franchir la porte de la crèche avec son enfant handicapé dans les bras, ou une autre qui ne parle pas français, ou encore un père en recherche d'emploi depuis trois ans, vous avez le sentiment de mettre un peu de solidarité et de justice dans notre société. » Peut-être aussi est-ce un bon moyen d'éviter le repli solitaire ou communautariste de certaines familles.
     
    En janvier 2008, l'Acepp (1), qui soutient depuis 1980 la création de lieux d'accueil petite enfance impliquant tous les enfants et leurs parents dans les quartiers, organisait un colloque européen qui avait pour thème l'enjeu que représente la prise en compte de la diversité dès la petite enfance. À l'occasion de cette rencontre, Michel Vandenbroeck, chercheur à l'université de Gand (Belgique) et cofondateur du réseau Decet (2), n'a pas hésité à enfoncer le clou : « Dans un monde marqué par l'intolérance et les inégalités, il nous faut, dans nos structures d'accueil, relever en urgence le défi de la diversité et de l'inclusion sociale. »
    C'est qu'aujourd'hui, dans nos sociétés occidentales, la diversité est partout. Elle porte sur l'origine ethnique, sociale, sur la santé, sur le modèle familial ou tout simplement la culture familiale. Et trop souvent, ces différences représentent pour les parents des freins à l'intégration de leur enfant.
     
    Telle Adila, originaire du Bénin, qui, avec ses cinq enfants dont un petit de 7 mois, vit à Marseille. Adila exprime ses difficultés avec simplicité mais aussi une certaine tristesse dans les yeux : « La crèche, c'est pas fait pour moi, ni pour mon bébé. C'est pour les Français qui parlent bien, qui sont bien habillés. Alors, je reste à la maison, je ne peux pas travailler. » Et lorsqu'on lui demande les raisons d'un tel renoncement, elle répond du tac au tac : « Moi, je ne peux pas laisser mon enfant, comme ça, à la porte. Chez nous, on ne donne pas les enfants à des inconnus et je ne saurai pas défendre mes habitudes... »
     
    Autre exemple, celui de Saïda, en situation administrative compliquée, qui avoue à voix basse : «Je ne mets pas Medhi à la crèche, car nous ne voulons pas avoir à faire avec l'assistante sociale, ni à la puéricultrice... » Ou encore, Sabine, mère d'un petit Louis, polyhandicapé, qui regrette que la crèche la plus proche de chez elle ne soit pas organisée « pour accueillir des enfants comme le (sien). Ce serait pourtant tellement bien, pour lui, pour nous, pour les autres, qu'il grandisse avec ceux qui sont valides. »
     
    Autant de confidences qui font dire à Olivia Sautier, pédiatre psychanalyste à Cambrai, que «l'accueil des tout-petits, leur socialisation dépendent de la manière dont les parents se sentent eux-mêmes accueillis tels qu'ils sont, avec leurs besoins spécifiques, leurs habitudes, leurs savoir-faire, leur culture et leurs valeurs ».
     
    Reste qu'une telle démarche nécessite une connaissance mutuelle entre les professionnels de la petite enfance et les familles, afin que se noue entre eux une sorte d'alliance confiante qui fasse tomber préjugés et autres barrières. Utopie diront les uns. Réalité déjà à l'oeuvre, répondront ceux - parents et professionnels - qui, comme les membres du réseau de l'Acepp, travaillent sur ce modèle coopératif depuis une vingtaine d'années.
     
    De telles alliances bénéficient à chaque enfant qui se voit respecté dans son identité et dans ses besoins de socialisation. Mais elles présentent un autre avantage, et pas des moindres, celui de participer à la construction de communautés de vie reposant sur un consensus de valeurs éducatives à promouvoir ensemble. Par les temps qui courent, où tant de familles éprouvent des difficultés à élever leurs enfants, n'est-ce pas là motif de réconfort et d'encouragement ?
     
    C'est l'avis d'Olivier Paroux, psychologue spécialiste de la petite enfance à Rennes, qui affirme : «Jouer la carte de la diversité en respectant et en accueillant toutes les familles, c'est le meilleur moyen de prévenir les maux qui nous viennent d'une société formatée, individualiste et habitée par la peur de l'autre. » Une prévention qui repose sur une forme de solidarité citoyenne et qui s'oppose radicalement à celle qui se contenterait de dépister des troubles du comportement chez le tout-petit et de les interpréter comme autant de signes prédictifs d'une délinquance future.
     
    Les familles ont-elles conscience de cet enjeu, lorsqu'elles confient leur enfant pour quelques heures ou une journée entière à l'une de ces structures ouvertes à la différence ? Ce n'est pas certain, car l'urgence de la garde prend souvent, malgré elles, le pas sur la qualité de l'accueil. En revanche, et c'est une bonne nouvelle, les parents semblent de plus en plus désireux d'être associés au projet éducatif commun.
    Agnès AUSCHITZKA, la croix, Avril 2008


    Document 2 : Crèches : comment accueillir la différence ? Olivier Brovelli, Mai 2007, le Rennais n°384
     
    Document 3 : L'être et le savoir, Emmanuelle Murcier - Michelle Clausier, Le Furet n°44


    Document 4 : Soutenir la parentalité des demandeurs d'asile, Caroline Helfter, décembre 2010, Actualités sociales hebdomadaires
     
    1. Dans un premier temps, vous effectuerez la synthèse globale des 4 textes (2/3 pages maximum). Sur 8 points.
     
    2. Dans un second temps, en vous appuyant sur les textes ainsi que sur vos connaissances et/ou expériences, vous exposerez votre point de vue sur la question de la diversité dans les structures d'accueil du jeune enfant. Sur 12 points.

    « La prépa aux concours par le CNEDL'oral du concours »

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  • Commentaires

    1
    Tikkha88
    Mardi 16 Octobre 2012 à 12:34

    Bonjour!

    Je me suis permise de feuilleter ton site car j'envisage également de faire la formation EJE par apprentissage à Strasbourg.
    J'ai un bac L comme toi, et du coup je me demandais si on devait passer l'écrit aussi étant donné que dans certains concours on ne le passe pas?

    En tout cas tu as de la chance de te lancer dans tout ça! Je t'envie! Bon courage

    Tikkha

    2
    Ilida Profil de Ilida
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 21:21

    Bonsoir Tikkha,

    Oui effectivement tu vas devoir passer l'écrit, un bac L ne vaut pas dérogation. D'ailleurs, tout le monde doit le passer il me semble ou alors il faut un diplôme équivalent (niveau trois). 

    Bon courage pour ta préparation au concours, ce n'est pas simple mais ça en vaut la peine ! =)

    A bientôt et n'hésite pas si tu as des questions ! 

     

    3
    Vendredi 19 Octobre 2012 à 23:47

    Ah, quand je vois "les jeunes et la politique"... Ca me fait peur ! Nantes ne se moque pas de nous...

    4
    Ilida Profil de Ilida
    Samedi 20 Octobre 2012 à 14:35

    Coucou !

    Hé bien écoute, franchement le texte était assez simple au final et c'était en plein dans l'actualité du moment. J'ai eu une bonne note, je trouve que pour le sujet de Nantes, il faut s'intéresser à l'atualité sur une année et du coup les questions paraissent "simple". Je me rappelle avoir parlé d'une anecdote lue sur le 20 minutes par exemple. 

    Bon week end !

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